Ouvrir du champagne, une bouteille de vin mousseux, ou toute autre bouteille de vin effervescente avec un sabre. Qui d’entre nous ne l’a pas vu faire, au moins une fois dans un film ou une soirée. Combien d’entre nous l’ont tenté à l’occasion d’un événement spécial, ou ont même rêvé d’en faire l’expérience pour célébrer un anniversaire en impressionnant son entourage.
L’image est immanquable : le sabre qui monte et descend sur le goulot de la bouteille, puis un mouvement brusque vers le bouchon et le haut du goulot qui se sépare du reste accompagné d’un son sourd. Sur le papier, cela semble être quelque chose de simple, presque improbable, mais pour être exécuté correctement, ce geste demande beaucoup de pratique et de précision. Le risque, en effet, est de briser une grande partie du col de la bouteille. Et, inévitablement, aussi de trouver des morceaux de verre dans le champagne.
La pratique décrite ci-dessus est appelée sabrage et, comme on peut facilement le deviner, elle est plus scénique qu’autre chose. Mais quelle est l’origine de cette tradition ? Quand et comment est née la coutume de déboucher une bouteille à l’aide d’un sabre ?
Comment est né le sabrage ?
Le nom vient du mot français sabre, et apparemment il s’agit d’une coutume née de l’époque contemporaine, du désir de paraître, d’exagérer, de se montrer aux autres en faisant quelque chose de non conventionnel.
Pourtant, cette technique n’est pas aussi récente que certains pourraient le penser. Tout, ou presque, semble remonter à nul autre que Napoléon (à qui l’on doit également les conserves), qui, avec ses officiers, avait apparemment l’habitude, après une victoire au combat (mais aussi pour se remonter le moral après une défaite), de fêter l’événement en ouvrant des bouteilles de champagne avec son propre sabre, en utilisant non pas le côté de la lame mais le côté opposé. Un combat gagné, après tout, nécessitait une célébration digne de ce nom.
Le geste va se répandre parmi les troupes de Napoléon, puis être repris par les cours aristocratiques et, de là, s’implanter progressivement dans la haute bourgeoisie. À tel point qu’aujourd’hui encore, cette technique est utilisée pour ouvrir un champagne ou un vin mousseux de manière spectaculaire.
L’action semble simple à réaliser : faire sauter le bouchon d’un coup de sabre en exploitant la pression à l’intérieur de la bouteille donnée par le gaz carbonique présent. Pourtant, c’est une pratique qui demande plus de technique et de soin qu’il n’y paraît. Le risque de casser une grande partie du goulot de la bouteille et de se blesser est bien présent.
Comment sabrer une bouteille de champagne ?
Bien que cette technique ne puisse être pratiquée qu’avec des bouteilles à bulles (en raison de la pression à l’intérieur due à la présence de Co2), la réalisation du sabrage est quelque chose qui demande la plus grande attention et la plus grande dextérité. De nos jours, il est courant de ne plus utiliser un véritable sabre, mais un sabre spécial exclusivement adapté à cet effet, appelé sabre à champagne, peu ou pas affûté.
En fait, ce n’est pas tant la lame tranchante qui est nécessaire pour déboucher la bouteille (mieux vaut qu’elle soit bien froide pour que le verre soit plus sensible au coup) qu’un coup sec près du bouchon après avoir fait glisser le sabre sur le goulot. La cage métallique autour du bouchon doit être retirée au préalable, et de la même manière il est préférable d’agir sur la soudure qui unit les deux moitiés de la bouteille (maintenue à un angle compris entre 30 et 45°).
Ne pas forcer : enchaînez un mouvement lent le long du goulot de la bouteille de vin effervescent, puis un coup sec juste en dessous du bord (également appelé la bague). Si tout est fait correctement, une toute petite partie du verre en contact avec le bouchon se détachera, et le vin sera prêt à être versé dans une flûte. Avec, pourquoi pas, une salve d’applaudissements des témoins présents, impressionnés par ce sabrage scénique.
Il existe également un record de champagne débouché par sabrage. Il est détenu depuis 2015 par l’Américaine Ashrita Furman, qui a été capable d’ouvrir pas moins de 66 bouteilles en une minute.