De temps en temps, des informations circulent sur Internet qui peuvent nous alarmer : l’une d’entre elles est l’idée que le fromage peut créer une dépendance. Comme beaucoup de choses dans notre vie, l’alimentation déclenche des peurs cachées et parfois incontrôlables, qui nous poussent à rechercher des informations de manière confuse et peu rationnelle.
En effet, les études sur les effets des aliments et des modes d’alimentation sont si nombreuses qu’il n’est pas du tout facile de s’y retrouver. Aujourd’hui, nous parlons des casomorphines : qu’est-ce que c’est ? Sont-elles vraiment addictives ? Voici tout ce que l’on sait aujourd’hui sur les casomorphines contenues dans le fromage et leurs effets sur notre organisme.
Qu’est-ce que les casomorphines ?
Commençons par le commencement. Le lait contient une bonne quantité de protéines nobles, dont 80 % de caséine, indispensable à la fabrication du fromage (les 20 % restants sont des protéines de lactosérum, de l’albumine de lait et des lactoglobulines). Il existe des laits plus fromagers et d’autres moins, mais tous contiennent cette protéine.
Lorsque nous mangeons du fromage, cette protéine est décomposée par le processus digestif en peptides, une classe de composés chimiques : certains d’entre eux sont des casomorphines. Ce type de peptide a une structure similaire à celle de la morphine, qui est un opioïde naturel utilisé principalement dans le domaine médical : en fait, les casomorphines sont également appelées peptides opioïdes.
Quel est l’effet de la casomorphine contenue dans le fromage sur notre organisme ?
Cet effet n’est pas entièrement établi : certaines études suggèrent que les casomorphines peuvent avoir différents types d’effets, tels que des effets analgésiques, sédatifs et stimulants de l’appétit. La conséquence la plus alarmante serait cependant celle d’une prétendue addiction : la casomorphine créerait un effet de dépendance similaire à celui créé par des drogues telles que la morphine.
En stimulant les récepteurs d’endorphines, elle induit un sentiment de satisfaction, de diminution de l’anxiété et de relaxation, qui, une fois la consommation arrêtée, provoque les sensations inverses et crée précisément une dépendance. Quelle est la part de vérité ?
Les études concernant la dépendance au fromage
La réponse n’est pas claire, car il y a autant d’études qui soutiennent cette hypothèse que d’études contraires. Par exemple, dans » The Case for Casein « , Mark Hyman (2015) plaide pour un lien entre casomorphine et addiction, mais certains vont même jusqu’à émettre l’hypothèse d’un lien entre casomorphine (et glutomorphine) et symptômes du spectre autistique ( » The Autism-Casein Connection » par Stephanie Seneff – 2013).
Parallèlement, de nombreuses recherches vont dans le sens de l’hypothèse inverse : dans « A Review of the Evidence for a Causal Association Between Casein and Autism », Anthony Mawson (2016) conclut, après avoir analysé les données disponibles, qu’il n’y a pas suffisamment de preuves pour établir un lien de causalité entre les casomorphines et l’autisme.
Le rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé intitulé « La sécurité du lait et des produits laitiers » (2013) affirme également qu’il n’y a actuellement pas suffisamment de preuves pour les considérer comme dangereux pour la plupart des gens. Et nous pourrions en citer bien d’autres. »
Les recherches axées sur les effets gastro-intestinaux des casomorphines, c’est-à-dire la sensibilité aux caséines en tant que cause de problèmes digestifs (« Bovine β-Casomorphins : Friends or Foes ? » par Daniloski, McCarthy b, Vasiljevic – 2021), sont beaucoup plus équilibrées.
Les casomorphines du fromage créent-elles vraiment une dépendance ?
Les recherches sur les casomorphines sont toujours en cours et il n’y a pas de consensus définitif au sein de la communauté scientifique sur leurs effets, il faudra donc attendre encore quelques années pour avoir une réponse définitive. Sans préjudice de l’affirmation selon laquelle il est bon d’éviter la surconsommation de produits laitiers ou de fromage, il est essentiel de rappeler que la diabolisation d’un seul aliment n’est jamais la clé d’une santé alimentaire optimale et, ajouterions-nous, d’une information claire et transparente.